
La censure made in America avait frappé John Palatinus en 1959 : saisie de tout son matériel photographique par la police. Motif : distribution par vente postale de photos masculines dites « pornographiques ». Scandale à New-York !
Aujourd’hui, ses photos sont exposées à Paris, grâce à des internautes qui ont rassemblé ses tirages perdus. Une multitude de corps d’hommes galbés et musclés sous la lumière et l’oeil du photographe, pionnier du genre, désormais copié.
« People from the village », c’est l’intitulé de cette exposition qui montre le corps masculin torse-nu, demi-nu et nu par John Palatinus, de 1955 à 1959. Une nudité déjà répandue à l’époque sur les magazines destinés aux hommes hétéros, avec les pin-up, voire plus. Le photographe américain ne se prive alors pas et multiplie les portraits de plain-pied en studio, essentiellement des Hercules, à l’aube du culturisme. Mêmes positions suscitant le désir, mêmes tenues dénudées que celles utilisées pour les femmes. Mais cette nudité affole et consume le sacrilège, dès que les clichés sont vendus par correspondance, dans le monde entier. Descentes et saisies de la police en 1959.

« Cachez ce phallus que je ne saurais voir ! »
Les cuisses et mollets contractés, tout comme les pectoraux et abdominaux, les biceps et les triceps. Tous les corps posent pour mettre en valeur leur musculature : Bob Ireland, David Fauud ou Pete Andrews en 1957, Don Marcus en 1958, à New-York. La plupart ont été réalisées en studio, au Rainbow photo studio à Broadway, sur fond blanc. Seul le corps ressort et transparaît. Les poses sont souvent suggestives. Le décor simple et basique. Les accessoires accentuent la mise en scène : tel un banc, un caisson à bouteilles en bois, une échelle.
Pas de Village people chantant ou chorégraphiant, ni de Dieux du stade sur calendrier, sans les photos de John Palatinus et ses déboires de précurseur. 50 ans après la censure de son pays, il est célébré comme le pionnier des photographies d’hommes érotiques. D’ailleurs, quelques Unes de magazines figurent parmi cette exposition (Tomorrow’s man).

Un tabou disparu ?
Les quelques 80 photos de l’exposition sont à la portée de tous. De tous les adultes, femmes et hommes, hétéros ou homos. Peu importe, ces photos sont devenues des archives d’une époque, marquant l’évolution de la société.
Aujourd’hui, John Palatinus a 81 ans et depuis, il est passé de l’autre côté de l’objectif. C’est en 1989, à 60 ans, qu’il devient modèle et pose à son tour pour des revues masculines. L’ « égérie » des gays est à son âge un Daddy sugar, aux Etats-Unis, mais aussi en Europe. C’est d’ailleurs sur le continent que l’exposition est visible, avec Paris en ouverture.
Pour découvrir ces clichés ressortis de l’ombre, voire de l’oubli, il ne faut pas tarder. La galerie au Bonheur du jour les accueille jusqu’au 12 février prochain, avant que l’exposition rejoigne Londres, Anvers, Cologne, Varsovie et Berlin.
John Palatinus – People from the village
Du 19 janvier au 12 février 2011
Du mardi au samedi de 14h30 à 19h30
Informations : 01 42 96 58 64
Entrée libre.
Galerie au Bonheur du jour
11 rue Chabanais
75002 Paris
Métro Opéra / Bourse / Palais Royal / Louvre / Pyramides
Emilie Bouvet
Article réalisé pour ArtistikRezo.com
19/01/2011
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